Que retenir des modalités d’enseignement distanciel expérimentées par une majorité d’enseignants durant cette crise ?
L’ensemble des solutions numériques proposées par l’université constituent en effet un panel très riche dont il convient désormais d’exploiter les points forts pour enrichir les différentes situations pédagogiques rencontrées hors Covid. C’est en ce sens que Pascale Brunner (Maîtresse de conférence en linguistique à l’UFR de Lettres et Langues), nous livre son retour d’expérience sur les cours en distanciel au travers de l’interaction avec les étudiants et de l’évaluation. Mme Brunner est également revenue sur les pratiques à retenir notamment pour la transformation de ses pratiques d’enseignement pour le retour en présentiel.
1. Interaction avec les étudiants
P. Brunner revient sur les différents outils qui ont pu favoriser l’interaction avec ses étudiants.
Voici quelques exemples d’usage :
- Sondage en début de semestre sur les prérequis en la matière (QCM, nuages de mots)
- Sondage pour recueil de données/constitution de petits corpus (se prêtant par exemple particulièrement bien à un cours de Sociolinguistique > recueil de mots argotiques, régionalismes, mots connotés « jeunes », etc.) pouvant constituer une bonne base de discussion pour la suite de la séance.
- Test de connaissances au bout de 2-3 séances. Il s’agit d’un excellent moyen de feedback pour l’enseignant.e, mais également pour les étudiant.es qui ont un aperçu du degré d’acquisition de leurs camarades et comprennent mieux pourquoi l’enseignant.e revient sur certains points.
- Nuage de mots pour stimuler la discussion, très utile pour recueillir une première idée des associations collectivement partagées à propos de certaines notions à traiter ou d’un thème abordé lors de la séance.
- Sondage pour interroger les étudiant.es sur leurs préférences de méthodes pour les séances à venir afin de les impliquer dans la conception du cours en fonction de leurs besoins.
Astuce : les résultats s’exportent en format Excel et peuvent ainsi servir de base de discussion pour les cours suivants ou être partagés avec d’autres collègues qui assureraient des cours associés (TDs, tutorats, etc.)
En dehors des heures de cours, à part les moyens traditionnels d’interaction (emails, permanences via Webex), le chat « permanent » de Webex Teams s’est révélé intéressant et a connu un certain succès parmi les étudiant.es. Lorsque l’enseignant.e est connecté.e et voit un message arriver, il/elle peut choisir d’interagir immédiatement (sans être contraint.e de répondre pour autant) et de créer ainsi un lien plus dynamique avec l’étudiant.e en question qui peut interagir avec l’enseignant.e en temps réel.
Très utile pour obtenir un retour de la part des étudiant.es sur certaines pratiques d’enseignement (à la fin du semestre et/ou au milieu du semestre), d’autant plus qu’à distance, on cerne difficilement les réactions du public (absence de mimiques, de regards, moins de questions posées). Updago génère automatiquement des « analyses » sous forme de graphiques très facilement lisibles.
Si les cours à distance présentent parfois l’inconvénient d’une moindre interactivité (au moins dans les cours à grands effectifs), certain.es étudiante.s ont en revanche signalé que la prise de parole (par chat/ou micro) devenait plus facile pour celles et ceux qui normalement n’osent pas prendre la parole en classe.
2. Evaluation
Pour l’évaluation des apprentissages de ses étudiants, UPdago et Webex ont été exploités.
L’activité « exposés en groupes » a globalement été réussie. À part quelques problèmes techniques mineurs, les étudiant.es sont bien parvenu.e.s à faire partager leur power-point via Webex, à prendre la parole à tour de rôle (à prendre la parole également à la place d’un.e camarade si sa connexion devenait défaillante) ; certaine.es étudiant.es ont indiqué avoir certes ressenti un certain stress, mais qu’être à distance leur permettait, là aussi, de dépasser plus facilement leur timidité.
La discussion qui suit un exposé a en revanche été ardue dans les groupes à grands effectifs, la plupart des étudiants participant peu au débat. Certain.es ont suggéré de déterminer à l’avance un.e ou deux étudiant.es ayant le rôle de « discutant.e » ou, dans les petits groupes, d’imposer à chacun.e de poser une question par présentation orale pour impliquer plus d’étudiante.s dans la discussion.
Globalement, pas de problème à signaler, sauf pour certains cours de « méthode » dont le devoir comporte un résumé de texte ou une note de synthèse où des tentatives de fraude ne peuvent pas être exclues et sont difficilement prouvables (devoir fait par quelqu’un d’autre, par exemple).
3. Quelles pratiques adoptées
P. Brunner livre quelques avantages aux outils qu’elle a pu utiliser.
Webex « Teams » présente l’avantage de créer des groupes pérennes où les étudiants peuvent continuer à travailler ensemble, à partager des documents, à poser des questions, au-delà de la séance du cours.
Google Drive (ou autres documents partagés équivalents) : présente l’avantage de voir avancer le travail des étudiants en temps réel et de pouvoir intervenir en cas de problèmes (sur le document même ou via Webex « Teams »). Les étudiants peuvent là aussi continuer à travailler ensemble sur leur document après la séance et l’enseignant.e a accès en permanence à leur production.
Très bons retours de la part des étudiant.es sur ce dispositif qui ont dit apprécier le fait de pouvoir écouter ces documents (de 20 à 30 min) à leur rythme et de pouvoir revenir à volonté sur certains passages du document.
Tous les documents et liens vers les Google docs sont en permanence disponibles sur Updago ou UPtube (pour les vidéos lourdes).
4. Un exemple de scénario employé
- Pendant la séance en synchrone
1/3 du temps utilisé pour expliquer les consignes en début de séance et pour clore la séance avec quelques remarques et conseils généraux ;
2/3 du temps consacré au travail de groupe guidé (travail sur Google Drive) > l’enseignant.e passe de google docs à google docs et se connecte aux différents groupes Webex « Teams » (implique un certain stress et une certaine réactivité… !) ; les étudiant.es ont généralement été très actifs sur leurs documents. - Imposer une date limite pour terminer le travail au-delà de la séance en synchrone.
- Avant la prochaine séance
Correction des Google docs et/ou confection d’un power-point sonorisé avec le corrigé détaillé de l’exercice et/ou une partie théorique à maitriser pour la séance suivante. - Début de la prochaine séance
Temps de questions sur le power-point sonorisé; suite du travail en groupe… et ainsi de suite.
Je suis partie de l’hypothèse, qu’il est plus utile pour les étudiant.es, dans ces conditions particulières, de consacrer une bonne partie du temps de la séance à du travail en groupe (ou individuel) qu’à des « discussions » avec interactions/participations limitées de la part des étudiants dans les grands groupes ; plus utile aussi que de suivre l’exposé/le corrigé de l’enseignant.e en temps réel, ce qui peut très bien se faire sous forme de power-point sonorisé et servir de base pour la prochaine séance.
3. Conclusion : transformer le présentiel
Même pour les cours en présentiel et consacrer ainsi davantage de temps de la séance à du travail en groupe des étudiants, car c’est à ce moment-là que les étudiants sont toutes et tous disponibles pour réellement travailler (ensemble).
Pour mettre à profit les informations obtenues : elles permettent de constamment adapter le cours aux besoins exprimés et elles offrent la possibilité aux étudiant.es, notamment à travers les sondages Wooclap, de mieux se rendre compte de leurs difficultés et de celles rencontrées par leurs camarades (et de s’entraider le cas échéant).
Les étudiant.es ont été exposé.es à un panorama de différentes méthodes employées par différents enseignants, c’est la raison pour laquelle il me semble important de les inciter à indiquer les méthodes qu’ils/elles jugent les plus bénéfiques et de tenir compte de leurs suggestions.
Très riche et utile pour se former en méthodes et outils pédagogiques.
Véritable aide très utile et enrichissante pour nos pratiques pédagogiques !