Dans un contexte d’enseignement du Français Langue Etrangère ainsi que d’enseignement de la Didactique des Langues, l’enseignante a préalablement introduit l’utilisation d’outils informatiques dans ses cours : dépôt d’informations sur l’ENT, création d’activités sur Moodle, envoi de pdf modifiables ou encore d’enregistrements sonore et visuel. L’utilisation de supports visuels de type « Powerpoint » est également généralisé et d’autres outils interactifs, comme Wooclap, ont été intégrés de façon plus sporadique en classe.
Cette familiarité avec les outils numériques est un facteur important ayant permis d’assurer la continuité pédagogique des enseignements dans ce contexte de crise sanitaire et de fermeture de l’université.
En revanche, le degré de maîtrise partiel du français pour certains étudiants étrangers, les différences de situations matérielles ainsi que la diversité des usages et des pratiques des outils informatiques par ces mêmes étudiants (par exemple Skype est non accessible aux étudiants chinois), sont quant à eux des facteurs limitants propres à cette spécialité.
Le passage au distanciel a par conséquent été facilité par le recours préalable de l’enseignante à l’hybridation de ses formations. Ainsi une connaissance des outils à disposition a permis de choisir une solution adaptée avant de l’imposer au groupe.
Mais ces conditions ne sont pas un prérequis obligatoire si l’on accepte l’incertitude que génère l’utilisation de ces technologies « il faut apprendre à accepter que cela peut potentiellement ne pas fonctionner ». Il est aussi nécessaire de réfléchir à la formation continue des enseignants : se familiariser petit à petit avec les outils et se fixer des objectifs intermédiaires sont des points essentiels de la réussite pédagogique.
- L’alternance entre les outils informatiques permet de couvrir un large éventail de pratiques et de varier le dispositif didactique.
- Si l’adaptation est très variable selon les étudiants, certains sont déjà très habiles. L’expérience des grèves a mis au jour des compétences insoupçonnées.
- Un cours en ligne demande de réfléchir à sa conception, globale et détaillée, pour répondre au mieux aux besoins, aux attentes des étudiants et aux objectifs que l’on s’est fixés. Une première interrogation mène l’enseignant à faire le point : « ce que je sais faire, ce que je peux faire et la solution que je vais y apporter ».
Cette solution s’intègre ensuite dans une démarche progressive, par exemple : comment je mets mon Powerpoint sur Up’Dago ? Dans un second temps, comment j’ajoute du son à ma présentation ? Enfin, comment je crée un test sur Moodle. Cette démarche doit s’étaler dans le temps afin que chacun, selon son degré de maîtrise, prenne conscience que « c’est possible ».
- Pour les étudiants, les cours à distance ne permettent pas toujours de faire la différence entre le discours objectivé et le discours impliqué de l’enseignant. Il est alors recommandé d’adopter un style journalistique relativement sobre et de préciser aux étudiants chaque fois que l’on rentre dans une considération plus personnelle. Il faut rester conscient qu’avec des outils distanciels synchrones tels que WebEx ou Skype, une connexion non stable entraine des images figées ou des coupures sonores pour lesquelles l’étudiant ne dispose plus d’éléments d’interprétation.
- Les difficultés de connexion concernent un grand nombre d’étudiants retournés dans leurs familles. Il est préférable, dans ce cas, de se tourner vers une pédagogie et des outils « asynchrones ». Le cours prend alors la forme d’un monologue qu’il faut essayer de rapprocher d’une forme radiophonique. Le Powerpoint audio ainsi que les prises audio et vidéo (possibles aujourd’hui avec la plupart des téléphones portables) facilitent la compréhension du cours. Il faut veiller à préparer son texte à l’avance et à garder un langage simple afin de minimiser les hésitations, répétitions, etc.
- Ceci dit, le temps de préparation est souvent beaucoup plus long qu’à l’accoutumée et cela rend la planification compliquée surtout lorsque le changement pédagogique est brutal.
- Ces nouvelles modalités génèrent naturellement du stress pour l’enseignant. Il est de fait important de se décomplexer vis-à-vis d’erreurs éventuelles. En outre, la peur de s’enregistrer ou de diffuser d’images de soi est également à relativiser. Ce type de communication est déjà accepté et maîtrisé pour ce qui est des séminaires ou conférences et est de plus en plus courant dans certaines filières.
Conclusion :
La multiplicité des outils et des supports peut être perçue comme une opportunité didactique. Il est notamment possible de débuter par des éléments qui nous sont familiers, par exemple les fonctions du téléphone, pour ensuite se fixer des objectifs plus ambitieux en terme d’outils, puis de fonctionnalités.
Enfin, l’adaptation à de nouvelles modalités d’enseignement dans un temps relativement court engendre de nombreux défis. Mais la gestion quotidienne d’un contexte de crise en soulève d’autres. Il est en somme primordial durant cette transition que les étudiants comme les enseignants fassent preuve les uns envers les autres de bienveillance.