En effet, les étudiants de première année de Lettres, parcours renforcé Sciences Po, ont, dans le cadre du cours de littérature française du XIXe siècle, été invités à établir une véritable instruction ainsi qu’une défense du personnage de Stendhal, accusé d’avoir tiré deux coups de revolver sur son ancienne amante, madame de Rênal.
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Tentative de meutre, voire de féminicide ? Circonstances atténuantes, imputables à l’ethos d’un personnage romantique hors-normes ?
Le procès s’est joué dans l’amphithéâtre Agnès Varda, devant jurés (des professeurs de l’UFR ainsi que des étudiants d’autres promotions) et après un minutieux travail de préparation en cours.
Comment l’enseignement s’est mis en place ?
Les étudiants ont été divisés en deux équipes, instruction et défense, et ont travaillé leurs chefs d’accusation et lignes de défense, préparé les interrogatoires et contre-interrogatoires, les arguments préliminaires et les plaidoiries. De nombreux témoins issus du roman ont été appelés à la barre, ainsi que des experts comme des psychologues, des experts en armurerie du XIXe siècle, et même … Pierre Bourdieu.
Quels étaient les objectifs pédagogiques de cet enseignement ?
Les visées pédagogiques de ce projet étaient multiples :
- développer ses capacités argumentatives,
- approfondir sa réflexion sur le système judiciaire et l’histoire culturelle du XIXe siècle,
- élaborer un travail d’équipe, mais aussi analyser un roman classique en se l’appropriant d’une manière ludique.
Bien ancré dans les systèmes scolaires et universitaires anglo-saxons, le « procès fictif » (« mock trial ») permet aux étudiants de droit et de sciences politiques de pratiquer leurs capacités oratoires. Néanmoins, elle favorise aussi les études littéraires, en ouvrant les textes à des interprétations plurielles : qu’est-ce lire, sinon éprouver ses propres valeurs éthiques face à un personnage parfois complexe, confronter ses émotions de lecture à un certain système de normes morales et judiciaires ? En tous les cas, il reste bien d’autres personnages dans la littérature qu’il faudrait juger.
Quels retours des étudiants sur cette pratique pédagogique ?
Le Pédagolab a eu l’occasion d’accompagner, Jessy Neau (MCF en littératures comparées au sein du laboratoire FoReLLIS) dans le cadre de ce cours en observant la dernière séance. Un travail conjoint s’est mis en place pour créer un questionnaire afin d’obtenir le feedback des étudiants sur ce projet fictif vis à vis de leur apprentissage. Leur retour met en évidence l’intérêt et l’aspect stimulant de cette pratique pédagogique.
Pour eux, l’amélioration de leurs compétences argumentatives, la créativité, l’aspect ludique et l’investissement des connaissances dans un projet vivant, ont été les principaux intérêts de cette activité.
Grâce à ce projet, ils estiment avoir notamment développé des compétences de collaboration, tout comme des compétences argumentatives, de communication et de résolution de problèmes.
La pertinence du sujet et la collaboration et le travail en équipe ont représenté pour eux, les sources d’engagement la plus importantes.